Fille

Acheté à la librairie française de Florence ( excusez du peu), titre, auteure (que je ne connaissais pas) m'ont attirée, la quatrième de couverture m'a séduite. Il est de ces livres que l'on rencontre, qui marquent un avant et un après, un de ces livres par lequel on se rencontre, on pense même que l'auteur y écrit notre vie et nos pensées.

Camille Laurens, par son nom de famille proche d'un nom qui aurait pu être le mien, par ce titre Fille, moi qui ai eu tant de mal à m'approprier le statut de femme, grandissant dans une femmille, dont l'héroïne s'appelle Laurence ( mon prénom à la ville, je lève le voile ou tombe le masque), et le texte, qui décortique l'importance des mots que l'on dit, que l'on entend, tout me parlait de moi. Comme moi, Laurence, fille devient femme et mère de fille ( je ne dévoile pas toute l'histoire).

L'auteure y fait mention d'un point de vocabulaire qui m' a toujours ennuyée: un bébé naît, c'est un garçon. Ses parents le présenteront comme leur fils. Un bébé naît, c'est une fille, pour ses parents, ce sera....leur fille. Garçon, fille, fils, fille. Homme , femme, mari, femme....il n'existe pas de mot différent pour le sexe et le "statut". Pas besoin de faire preuve d'inventivité pour une fille. Rien entre les jambes, donc rien à nommer?

Moi qui adore les mots et les nuances qu'ils permettent, la langue qui décrit et qui me permet d'aller vers l'autre j'ai  remarqué très tôt ce souci d'appellation ( ce n'est pas le cas en allemand ni en anglais...). Le trouver dans le texte d'une autre me réjouit ( je ne suis pas seule) et me rend jalouse ( j'aurais voulu écrire ce texte - en aurais-je été capable, c'est une autre paire de manches, certainement bien trop grandes pour moi). Foutu masculin qui l'emporte encore et toujours sur le féminin.