Ma petite grand-mère

Ma grand mère est morte hier en fin d'après midi. Nous nous y attendions depuis plusieurs mois. Les deux derniers ont été rudes. Elle s'est éteinte paisiblement, chez elle, ma tante qui s'occupait d'elle depuis huit ans était auprès d'elle. 

Depuis une semaine, elle était dans une sorte de coma, dont elle n'émergeait que très rarement, sans jamais plus ouvrir les yeux, ni nous faire ce merveilleux sourire de bébé innocent qui me faisait fondre et me déchirait à la fois. 

C'était un moment hors du temps, difficilement conciliable avec le travail et la vie quotidienne. Vendredi, dernier jour de classe avant les vacances de la zone B, je me sentais à fleur de peau. C'en était trop. 

Et ma petite grand-mère s'en est allée tout doucement, alors que je ne l'avais pas vue ce jour-là. 

Hier soir, toutes réunies (aucun homme ne fait partie du cercle, nous sommes une femmille), nous nous sommes tenues chaud, nous avons partagé des souvenirs, des moments de rire et d'émotions, en attendant que le médecin de garde vienne faire les constatations d'usage. Encore un moment hors du temps. 

Je t'embrasse ma petite grand maman. Je voudrais bien croire que tu as retrouvé tes parents, ton mari, tes fils, ceux qui t'attendaient, pour certains depuis longtemps... Ce serait un grand réconfort.

Mais je crois que ce ne sont que des mots, de belles histoires dont on se berce pour atténuer la crudité du moment et tenter de barrer la route aux pensées glauques qui se frayent un chemin.