Il y a deux semaines, le 16 septembre précisément, cela a fait 30 ans que mon grand-père est décédé.
J'avais 17 ans, je commençais la terminale, mon grand-père m'avait élevée, avait subvenu à mes besoins. Ma vie a radicalement changé ce jour-là. Vivre avec un grand alcoolique était enfin terminé. Mais ma grand-mère et moi avons réellement tiré le diable par la queue à partir de ce jour.
A partir de là, d'autres angoisses ont commencé à me pourrir la vie. Ce n'était plus des angoisses liées à la situation que j'allais retrouver en rentrant du lycée ( dans quel état serait mon grand-père? A jeun ou ivre mort? Habillé ou à moitié nu? Insultant ou complètement hagard, insensible au monde qui l'entourait?) mais liées à mon avenir. Je me demandais si je pourrais faire des études, si l'argent allait suffire pour me permettre de m'en sortir...M'en sortir....!
Et je me suis retrouvée seule. Avec mes angoisses. J'allais mal. Je compensais par les grignotages ( pour dire pudiquement que la boulimie a dévasté mes jeunes années). J'ai commencé à prendre du poids. Et tout le monde, ma famille, ma mère, mes profs ont assisté à mon naufrage sans jamais s'intéresser à ce qui pouvait me pousser à grossir comme ça. C'est là que j'ai compris que j'étais seule. à 17 ans. Grosse baffe.
Aujourd'hui, j'ai 47 ans. Je me suis faite toute seule. Avec de l'aide, quand même. Et je suis la maman d'une jeune fille de 17 ans qui vient d'entrer en terminale ( vous voyez le truc venir?)
Alors j'ai décidé que j'allais offrir à ma fille la maman que je n'avais pas eue. Une maman qui est là. Qui soutient. Qui réconforte et encourage. Je me répare à travers ma fille.
On ne peut pas changer le passé. Le mal qui a été fait a été fait et a tricoté celle que je suis devenue. Mais on peut changer le regard que l'on porte dessus ( ce n'est pas gagné) et infléchir l'avenir ( je croise les doigts).
/fdata%2F3485172%2Favatar-blog-1132685746-tmpphpjG9IRP.gif){kind=avatar}